
Ameth Konaté, le Lougatois de Rufisque. Également professeur d’EPS, l’homme est le coach et directeur technique de l’écurie Kaay Bakh. Pour ce cinquième numéro de « Ramadan des arènes », le technicien revient avec nous sur le déroulement de ses journées durant le mois de ramadan. Concentrant la lutte, il estime que cette dernière n’a pas évolué du tout.
Comment passez-vous votre journée de jeûne ?
« Je ne change rien à mes habitudes. Je vais au travail comme d’habitude. Mais à la déchante, la seule chose qui a changé, c’est que je rentre à la maison au lieu de faire un tour à l’écurie pour les séances d’entraînement des lutteurs. J’ai arrêté les entraînements durant cette période de ramadan. »
Est-il dur d’allier le jeûne et le travail ?
« Non, ce n’est pas difficile d’allier le jeûne et le travail. Car j’en ai l’habitude. Le travail, on le fait d’une façon naturelle. Je ne change pas mes habitudes au travail à cause du jeûne.»
Quel est le moment le plus dur de la journée ?
« Comme j’ai l’habitude de jeûner, je n’ai pas de moment spécifique difficile à supporter durant la journée. Il m’arrive parfois de subir les méfaits du jeûne quand je fournis beaucoup d’efforts. »
Quels bienfaits du ramadan connaissez-vous ?
« Les bienfaits du ramadan sont nombreux. Ça apaise sur le plan spirituel. Il permet de se rapprocher encore plus de la religion. Le ramadan apaise également le corps humain, je me sens plus léger durant le ramadan.»
Depuis quand commencez-vous à jeûner ?
« Je jeûne depuis le bas âge. Je me rappelle que je jeûnais lorsque je faisais le C1, C2. »
Une anecdote que vous ne parvenez pas à oublier ?
« Les anecdotes sont nombreuses. Mais je vais vous donner celle-ci. Lorsque nous étions en classe de primaire, un de nos camarades de classe avait un baptême chez lui. Nous nous y sommes rendus. Sur place, ils nous ont servi chacun un plat de « Lakh » (bouillie de mil avec du lait caillé). On s’est regardé et chacun a fini son plat. Au retour, à l’école, on a continué le jeûne comme si de rien était. »
Comment trouvez-vous le comportement des Sénégalais durant le ramadan ?
« Les Sénégalais font des efforts durant le ramadan. Ils limitent beaucoup de choses. Ils se concentrent encore plus sur la religion. Ce que je fustige durant le ramadan, c’est le gaspillage. On achète tout ce que l’on voit sans même s’en servir après la rupture du jeûne. »
Quelle est votre préférence : lire ou écouter le coran ?
« Je fais les deux. Je lis tout comme j’écoute le coran. Tous les matins, avant la prière de l’aube, j’écoute le coran. En allant au travail, également, je mets mes écouteurs pour cela. »
Parlons de l’arène. Quel est votre cri de cœur pour elle ?
« Ce que je suggère, c’est la professionnalisation de la lutte. Les gens doivent œuvrer pour l’intérêt général et cesser l’individualisme qu’ils prônent. Si on vise l’intérêt général, tous les intérêts particuliers seront réglés. Et c’est la lutte qui en bénéficiera.
Êtes-vous satisfait ou pas de l’évolution de la lutte ?
« Rien ne change dans l’arène. Je n’y vois pas d’évolution. Les gens avaient promis d’aller vers une fédération dans deux ans. Depuis lors, cela ne se concrétise pas. Il n’y a que la routine dans l’arène. Les choses se répètent. Les combats se déroulent normalement. Et je félicite les promoteurs sur ce point. »
La guerre des promoteurs est-elle une bonne chose pour la lutte?
« Ce n’est pas une guerre. Les promoteurs ne font que défendre leurs intérêts. Ils ne se donnent pas de cadeaux. Ils font du business et dans ce milieu, il n’y a pas de sentiments. Chacun cherche à gagner plus d’argent. Ainsi, ils ne se calculent pas. Ce n’est pas la guerre. Mais ils doivent tout faire pour qu’il n’y ait pas d’animosité. »