Cette rubrique n’a jamais eu un invité aussi marrant qu’Assane Ndiaye. Dans ce septième numéro du « Ramadan des arènes », le patron de Baol productions, qui nous a entretenu du déroulement de sa journée, se considère simplement comme le Sénégalais qui craint le plus le ramadan. Parlant de la lutte, le promoteur regrette « la fumisterie dans l’arène. »

Comment passez-vous votre journée de jeûne ?

« Je crains trop le ramadan. Je fais partie des Sénégalais qui craignent le plus le ramadan pour dire vrai. Le matin, je pars au boulot. À partir de 11h, je fais le tour des magasins pour discuter avec les jeunes jusqu’à 12h, 13h. Je reviens à ma place. Après la prière de 14h, je dors jusqu’à 17h. Tout de suite après, je rentre à la maison. À partir de 13h, je ne fais plus rien. Ma journée est déjà finie, c’est clair.

Est-il dur d’allier le jeûne et le travail ?

C’est très dur. Rester, de l’aube jusqu’au crépuscule sans boire ni manger, est vraiment difficile. Allier cela avec le travail, c’est autre chose. C’est vraiment pénible.

Quel est le moment le plus dur de la journée ?

« Du matin au soir, il n’y a aucun moment de répit. Il n’y a pas de moment clément. C’est la souffrance du matin au soir. »

Quels bienfaits du ramadan connaissez-vous ?

« Les bienfaits du ramadan, on peut retenir la concentration des Sénégalais sur la religion. Au Sénégal, tout le monde pratique la religion durant le ramadan. Et je suis convaincu que le mois de ramadan fait partie des socles qui garantissent la paix dans le pays. Les Sénégalais prient beaucoup durant cette période et Dieu récompensent ces efforts, j’en suis convaincu. En plus de cela, le ramadan procure de la santé à l’humain. Il est difficile, le jeune, mais il permet de garder la santé.

Depuis quand commencez-vous à jeûner ?

« J’ai démarré le jeûne lorsque j’étais à Baol (dans son village). Nos parents nous poussaient à jeûner. Celui qui ne jeûnait pas était le dernier à prendre son repas, à l’heure de la coupure. Les non-jeûneurs étaient les derniers à être servis. Et cela nous poussait à jeûner. Je me rappelle, il n’y avait pas de glace comme aujourd’hui. Et pour avoir de l’eau fraîche, à l’heure de la coupure, nous mettions de l’eau dans des bidons afin qu’ils tiédissent le soir.

Une anecdote que vous ne parvenez pas à oublier ?

« Je ne peux pas calculer le nombre de fois où j’ai pratiqué le woorou gaalé. Je mangeais et buvais en cachette tout en continuant à me plaindre devant les gens (Rires). Un jour, j’avais jeûné. Vers 17h, on m’a donné deux dattes et je les ai tout de suite mangées tout en oubliant que j’avais jeûné. Cette anecdote, je n’arrive pas à me le sortir de la tête. La scène me revient toujours (Rires). La jeunesse, c’est l’âge d’or.

Comment trouvez-vous le comportement des Sénégalais durant le ramadan ?

« Je remercie les Sénégalais pour cela. Les mosquées sont remplies, l’habillement indécent est considérablement diminué, la musique est arrêtée. Les Sénégalais changent vraiment de comportement durant le ramadan. C’est une chose que je magnifie. Et je prie pour que cela continue après le ramadan. »

Quelle est votre préférence : lire ou écouter le coran ?

« Je fais les deux. Je lis tout comme j’écoute le coran. Je lis, également les khasida (les écrits des saints hommes). Il m’arrive aussi de beaucoup prier (Nafila). J’ai le temps durant le ramadan, c’est pourquoi je ne rate pas ces occasions.

Parlons de l’arène. Quel est votre cri de cœur pour elle ?

« Ce qui me fait mal dans l’arène, c’est la fumisterie. Les gens ne veulent pas voir deux personnes ensemble. Si deux individus s’isolent, on leur targue de comploter contre un autre. Si tu fais une interview, tes propos sont coupés et envoyés à un autre et lui faire comprendre qu’il est le destinataire des mots. Ce que je suis en train de dire se trouve dans toutes les corporations : chez les promoteurs, les managers, les lutteurs, les amateurs. Cette fumisterie me fait mal. Notre intérêt, c’est d’être uni.

Êtes-vous satisfait ou pas de l’évolution de la lutte ?

« Qui connaît la lutte auparavant et celle d’aujourd’hui sait qu’il y a une grande évolution. Et je suis satisfait de cette évolution. Il faut continuer à travailler. »

La guerre des promoteurs est-elle une bonne chose pour la lutte?

« Il n’y a pas de guerre chez les promoteurs. Ce qu’il y a, c’est que nous avons les mêmes intérêts. Ne considérons pas cela comme une guerre. Nous sommes des businessmen et il ne peut pas y manquer de concurrence. Nous voulons les mêmes choses. Ainsi, forcément, quelqu’un remporte la chose au détriment des autres. Malgré tout, nous devons rester fair-play. Si quelqu’un gagne, les autres doivent le féliciter. »

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