Ancien sociétaire de l’écurie Fass, Balla Diouf était surnommé Cœur de Lion grâce à son courage et sa fougue. Mettant à l’arrêt sa carrière, il est devenu coach de Jambaar Wrestling Academy en même temps chroniqueur au niveau d’Albourakh Event TV. Balla a, également, créé sa propre boîte de sécurité. C’est ce champion que « Ramadan des arènes » accueille aujourd’hui pour son douzième numéro. Cœur de Lion nous révèle son programme journalier durant le ramadan. Il se dit satisfait de l’évolution de la lutte, mais décrit sa gestion. Balla évoque aussi la guerre des promoteurs qui est, pour lui, un couteau à double tranchant.
Comment passez-vous votre journée de jeûne ?
« Je passe la journée pratiquement au travail. Le matin, je fais le tour de l’ensemble de mes postes pour rendre visite à mes agents (Il a créé sa société de gardiennage). Après, je retourne à la maison. À 15h, je suis dans les plateaux d’Albourakh Events TV pour une émission (Il est chroniqueur de lutte à Albourakh TV). Après, je fais un tour à la plage de la BCEAO. Il y a quelques lutteurs que j’entraîne là-bas. Après, je rentre à la maison pour préparer la rupture du jeûne. Mais quand il m’arrive de rester à la maison, je joue à la PlayStation pour tuer le temps. Voilà comment je passe mes journées. »
Est-il dur d’allier le jeûne et le travail ?
« C’est évidemment pas facile d’allier le jeûne et le travail. Mais si l’esprit est occupé par le travail, on sent moins le jeûne. Quand je fais une activité, je ne sens rien. Mais quand je suis à la maison à ne rien faire, les choses deviennent plus compliquées. »
Quel est le moment le plus dur de la journée ?
« Les moments difficiles, ce sont les heures où j’avais l’habitude de prendre mon café, à 8h. Après ça passe avant de revenir vers 17h, 18h. Je peux supporter la faim et la soif. Mais les heures de café sont difficiles à supporter à mon niveau. »
Quels bienfaits du ramadan connaissez-vous ?
« Les bienfaits du ramadan. D’abord, tu crains de faire certaines choses. La deuxième chose, le jeûne te procure une santé physique, du cœur et de l’esprit. C’est un moment de repentir, un mois de promotion. »
Depuis quand commencez-vous à jeûner ?
« Je suis issu d’une famille très croyante. On nous apprend à jeûner dès le bas âge. Au début, je jeûnais jusqu’à 13h, 15h. Ainsi, j’ai appris à jeûner. Et c’est devenu une habitude chez moi. »
Une anecdote que vous ne parvenez pas à oublier ?
« A bas âge, on faisait le worou galé comme tout le monde. Un jour, j’ai déclaré avoir jeûné avant de me rendre chez un ami. Sur place, un plat que j’aime (mbakhalou Saloum) a été préparé aux jeunes qui n’avaient pas jeûné. Je leur ai dit que je n’avais pas jeûné et on a mangé ensemble. Malheureusement, mon ami est passé chez moi et leur a dit que j’avais mangé chez lui. À l’heure de la rupture ma mère m’a juste donné du pain et du kinkéliba alors que les choses étaient plus fournies quand je jeûnais. Je lui ai dit que j’avais jeûné, mais elle a répondu que non et que mon ami avait passé à la maison à mon insu. »
Comment trouvez-vous le comportement des Sénégalais durant le ramadan ?
« Beaucoup de Sénégalais changent de comportement durant le ramadan. Les filles soignent leur habillement. Certains font tout pour montrer qu’ils ont jeûné. Chez les chrétiens, ils peuvent jeûner sans que l’on ne s’en rende compte. Mais chez nous les musulmans, le jeûne est devenu un événement. C’est bon d’être pieux durant le ramadan, mais le mieux c’est de le rester pour toute l’année. »
Quelle est votre préférence : lire ou écouter le coran ?
« Ma préférence, c’est d’écouter le coran. Puisqu’avec les activités, il est impossible de le lire. Il m’arrive quand même de le lire, mais c’est de temps en temps. »
Parlons de l’arène. Quel est votre cri de cœur pour elle ?
« Mon regret, c’est la manière dont le CNG gère la lutte. Le traitement des acteurs de la lutte par le CNG me fait très mal. Et j’aurais aimé que cela change. »
Êtes-vous satisfait ou pas de l’évolution de la lutte ?
« Je suis évidemment satisfait de l’évolution de la lutte. Aujourd’hui, on voit des lutteurs percevoir des cachets avec des centaines de millions, ils construisent de belles maisons. Ainsi, forcément, il y a satisfaction. Mais concernant la gestion, la lutte évolue dans le mauvais sens. Et ce sont les petits lutteurs qui en pâtissent. Seuls les grands lutteurs et les VIP trouvent leur compte dans l’arène, les jeunes lutteurs sont oubliés. Et ce n’est pas une bonne chose. La norme est qu’autant les VIP, les petits lutteurs puissent également trouver leur compte dans ce milieu. »
La guerre des promoteurs est-elle une bonne chose pour la lutte?
« La guerre des promoteurs est à la fois positive et négative. Elle est positive quand elle est loyale et transparente. Dans ce cas, elle est bénéfique autant pour les lutteurs que pour les promoteurs. Mais quand elle occasionne de l’animosité, des coup-bas, de la trahison, ça devient catastrophique pour la lutte. C’est à bannir.»