Son histoire avec le dattier, son repas chez son ami en plein ramadan, Meïssa Ndiaye révèle ses anecdotes durant ce mois béni. Invité du seizième numéro de « Ramadan des arènes », le 1er vice-président du CNG chargé de la lutte avec frappe revient sur ses moments difficiles de la journée, mais il regrette également « la guerre des promoteurs ». Tout en estimant que le développement de la lutte est bloqué par des détails.
Comment passez-vous votre journée de jeûne ?
« Pour le travail comme le mien, j’avoue que c’est facile de supporter le jeûne. Puisque je suis assis en permanence au bureau. Je suis même plus productif durant le ramadan que durant les autres mois. Parce que j’ai plus de temps pour me concentrer dans le travail. Je ne prends plus les pauses déjeuné, les heures de café et autre. »
Est-il dur d’allier le jeûne et le travail ?
« Je peux dire que ce n’est pas difficile dans l’ensemble. À part le matin où je peine à endurer les choses. A part ça, ma journée se passe bien. Et je la passe au bureau. Je n’ai aucune autre activité. Je quitte le bureau généralement vers 17h 30. Je roule doucement pour gagner du temps. Ainsi, j’arrive à la maison vers les coups de 18h 30. Après, j’attends tranquillement l’heure de la rupture. »
Quel est le moment le plus dur de la journée ?
« Le moment le plus difficile, ça pourrait être, bizarrement, entre 9h-11h. Ce sont des moments durant lesquels je souffre énormément. C’est peut-être l’effet du petit-déjeuner. En tout cas, ce sont des moments que je passe difficilement. Et des fois, je pose même la question est-ce que je pourrais continuer jusqu’au soir. »
Quels bienfaits du ramadan connaissez-vous ?
« Pour dire vrai, le ramadan n’a que des bienfaits surtout sur le plan sanitaire. Ce sont les seuls moments où je peux rester sans activité sportive sans le sentir sur mon corps. En dehors du ramadan, je n’ose pas rester 4 jours sans faire de sport. Si je le fais, je le ressens tout de suite. Autre bienfait, sur le plan du travail, je suis plus productif. »
Depuis quand commencez-vous à jeûner ?
« Je me souviens avoir commencé à jeûner sérieusement, sans worou galé, dès le bas âge. Je devais faire la CM1 ou CM2. »
Une anecdote que vous ne parvenez pas à oublier ?
« Je me rappelle qu’à l’époque où nous faisions la CM2, nous étions partis en bande de copains visiter un dattier. Il se disait qu’à la sève était très bonne pour couper son jeûne. Ainsi, il ne sera pas nécessaire de manger la datte bien que la sève était amère. J’ai récolté quelques feuilles et je suis parti avec. À l’approche de la coupure, j’ai tout préparé. Dès que l’heure a sonné, j’ai bu le truc. Mais je l’ai regretté amèrement. En fait, c’était un piège que mes amis m’avaient tendu. Je me souviens également d’une autre anecdote. Il faisait très chaud ce jour-là. Et je ne pouvais pas continuer le jeûne. Ainsi, je suis parti manger chez un copain. Et mon ami a donné l’info à mes parents. Et la séance de justification était très compliquée une fois rentré. C’est un moment que je n’arrive pas à oublier
Comment trouvez-vous le comportement des Sénégalais durant le ramadan ?
« Le comportement des Sénégalais durant le ramadan est satisfaisant. On sent que les gens sont en fond dedans. Ils mettent en avant durant le mois de ramadan la philosophie de la solidarité, du respect, du partage. Et ce sont des valeurs que j’apprécie. »
Quel est votre préférence : lire ou écouter le coran ?
« Ma préférence, c’est plutôt d’écouter les causeries sur les histoires du prophète et ses accompagnants. J’écoute aussi les causeries sur nos guides religieux notamment Serigne Touba, El Hadji Malick Sy, Baye Niass. Quand je suis au boulot, je mets en fond sonore ces audios. Et cela me booste. »
Parlons de l’arène. Quel est votre cri de cœur pour elle ?
« Mon cri de cœur, c’est de demander plus de responsabilités aux uns et aux autres. Chacun se réclame être un acteur de la lutte. Chacun veut que la lutte se développe. Mais souvent chacun oublie l’intérêt de l’autre pour ses propres intérêts. On a l’habitude de le dire. Le monde de la lutte n’a pas trop de problèmes. Mais ce sont de petits détails qui bloquent son développement. Si on tait nos querelles crypto-personnelles pour mettre en place les dispositions communes pour chacun, l’arène pourrait avoir de plus grands résultats. »
Êtes-vous satisfait ou pas de l’évolution de la lutte ?
« Je suis catégorique sans hésitation que oui. Je suis satisfait de l’évolution de la lutte. Malgré les obstacles, les difficultés et tout ce qu’on aurait pu faire, j’avoue qu’elle a bien évolué. Certes, il y a encore des choses à faire. Mais à l’heure actuelle, à l’heure de l’évaluation, nous pouvons vraiment être satisfaits de l’évolution qui est en train de prendre la lutte. »
La guerre des promoteurs est-elle une bonne chose pour la lutte?
« D’abord, le mot guerre est négatif. C’est encore plus grave quand on dit guerre des promoteurs, des bailleurs de la lutte. Quand les principaux bailleurs se mettent en guerre, c’est forcément une mauvaise chose pour le développement de la lutte. On a besoin de la force de tout le monde. Pour scruter le ciel, on n’a pas besoin de se bousculer. Il y a tellement d’affiches intéressantes pour les amateurs au point que nous n’avons pas besoin de cette concurrence malsaine. Si les promoteurs s’organisent, ils peuvent récupérer tout ce qu’ils ont déjà perdu dans l’arène. Sans cette guerre, ils pouvaient négocier les combats à des prix plus bas. Cette guerre n’est pas souhaitable. Ainsi, on invite tout le monde à une meilleure prise de conscience. »